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Mieux vaut tard que trop tôt

Chaque enfant qui naît est l'un des acteurs d'une histoire particulière. Quelle que soit la façon dont il a été conçu, l'histoire reste toujours celle d'une femme et d'un homme en attente de ce petit bébé-là, enveloppés qu'ils sont dans un tissu de liens plus ou moins riches avec leurs familles, leurs amis et toute une vie sociale relativement bien organisée.

Une naissance d’un enfant prématuré, par sa soudaineté et sa violence, vient bouleverser l'aboutissement prévisible de cette histoire. Les choses ne se passent pas comme elles étaient prévues et le papa et la maman, déroutés, ne savent plus quel rôle ils doivent jouer. La dyade mère-enfant (tout comme la triade père-mère-enfant) n'est pas encore établie et paraît difficile à installer : l’unité n’est pas en place, chacun vit dans un temps et dans un espace différent.
Que se passe-t-il pour chacun au moment de la naissance ?
C'est ce que nous allons voir maintenant !

Pour le bébé

Blotti au cœur du ventre de sa maman, le nouveau-né vit dans un milieu d'une richesse sensorielle prodigieuse. En effet, les différents systèmes sensoriels (hormis la vision) sont opérationnels très tôt. Ainsi, le goût, l’odorat, les sensibilités cutanée et vestibulaire et la sensorialité auditive fonctionnent très tôt.
Pendant la grossesse, le stress de la mère qui engendre des accélérations de son rythme cardiaque et des pressions vasculaires et intra-utérines, entraîne des modifications physico-chimiques chez son petit.

Maintenant, voici la situation d'un accouchement prématuré. Mettez vous, l’espace d’un instant, à la place de ce bébé : imaginez que vous êtes dans un endroit très agréable, tous à fait relax. Et voilà que tout d'un coup, vous êtes emporté(e) dans un tourbillon incompréhensible, pour finalement vous retrouver sur un endroit totalement bizarre et inconnu : le rythme habituel du temps n'existe plus, l'espace est sans limite, les cinq sens ne reconnaissent plus rien... Plus le moindre repère, juste une impression d'étrangeté absolue.
Le petit qui arrive du ventre maternel pour être transféré dans cet endroit insécurisant qu'est la couveuse vit sans doute ce genre d'expérience... Cela nous paraît normal, tous les mécanismes d'adaptation physiologique - tant sur le plan respiratoire et circulatoire que sur le plan de la régulation de la température et de l'alimentation - qui, chez un enfant à terme, vont se mettre en place spontanément, représentent pour le bébé prématuré une bataille au quotidien.
De plus, sorti de son cocon, il est soumis à toutes sortes de stimulations : bruit, lumière, odeur, froid, sécheresse de l'air... Il est piqué, perfusé, ponctionné, sondé, et parfois même intubé. A son age, le bébé est encore incapable de faire une différence nette entre ce qu'il ressent à l'intérieur (perceptions intéroceptives) et à l'extérieur (perceptions extéroceptives).

Les premiers instants, le bébé ne jouit pas du rôle protecteur de la mère qui se manifeste habituellement par sa capacité à s'identifier à son bébé : elle va lui procurer un rythme de bercement, un contact peau à peau, certaines odeurs et du lait, qui sont plus ou moins proches des sensations qu’il avait lorsqu’il était dans son ventre. En fait, il est probable que ce ne soit pas l’absence de sa maman qui lui fait mal car son psychisme ne peut pas reconnaître, à son âge, le visage de sa maman. C'est donc sans doute la modification du milieu physiologique et le stress que cela va provoquer, stress non compensé par la protection de la mère. Une fois l’urgence médicale passée, la préoccupation première sera, à présent, de lui permettre de trouver un confort physique et une capacité à se détendre.

Pour cela, il y a différentes choses que vous pouvez faire, telles que :
  • le placer sur un matelas à eau, afin que ses mouvements soient adoucis et ralentis, ce qui réduit considérablement l'irritabilité et l'excitabilité.
  • l'entourer avec un lange roulé en forme de nid, afin que le moindre de ses mouvements ne rencontre pas l'infinité de la couveuse.
  • placer une couche en tissu sur la couveuse afin d'atténuer la lumière crue des néons.
  • l'aider à trouver une bonne position puisqu'il ne peut le faire seul.
Pour certains bébés, ces petites choses seront suffisantes. Pour d'autres, une main posée sur lui sera nécessaire. Quelquefois si l'état de tension a du mal à diminuer et si le bébé est assez mature pour téter, une tétine pourra l'apaiser grâce à la succion. Tous ces gestes seront accompagnés de mots tendres et doux qui, eux-aussi enveloppent et sécurisent le bébé.
 

Pour la mère

Les nombreuses représentations que la maman peut se faire de la fin de ces neuf mois de grossesse sont brusquement réduites à néant. La rêverie portant sur son bébé, omniprésente durant les deux derniers mois, et qui permet à la future maman de se préparer comme un "cocon psychique", ne peut être vécue... Le bébé imaginaire, qui n'a pas eu assez de temps pour être pleinement imaginé, est remplacé brutalement par l'enfant réel. La blessure narcissique est constante pour ces mamans là. Face à cet accouchement imprévu, la mère réagit par une angoisse profonde qui provoque un état de stress où de nombreux sentiments s'entrechoquent, indépendamment de son état physiologique et psychologique antérieur :
  • Un des sentiments apparaissant lors d’une naissance prématurée est celui de l'irréalité de l'événement. Que cette prématurité ait été probable (hospitalisation pour menace d'accouchement prématuré, repos avec position allongée stricte) ou non (naissance très rapide sans signe avant coureur patent), la "presque mère" est "vidée" puisqu'elle elle se retrouve seule (le ventre tout vide), sans pouvoir regarder son petit, ni même le porter, l’entourer, le nourrir, le câliner, sans fonction ni statut (hormis celui de malade parfois).Souvent, cet accouchement catastrophe demande une césarienne sous anesthésie générale, ce qui crée une atmosphère d'angoisse absolue supplémentaire. Pour un accouchement rapide, ce sentiment d'irréalité est également très présent.L'accouchement prématuré arrive au moment de la "période magique" de la grossesse, alors qu'il n'y a pas encore de gêne dans le corps. La plupart du temps, les séances de préparation à la naissance, tellement importantes pour parler ensemble de ce bébé qui va arriver et partager avec d'autres le bébé imaginaire, ne sont pas terminées. Certaines femmes arrivent tout droit de leur boulot pour accoucher, d'autres débutent à peine leur congé prénatal...
  •  Un autre sentiment vécu par la maman est celui de la frustration. Une naissance est synonyme de fête pour la famille et l'entourage. La mère est dorlotée, félicitée, entourée... fleurs et cadeaux emplissent la chambre, chacun vient complimenter le si beau bébé. Lors d'une naissance prématurée, tous ces rites sociaux s'écroulent et la mère se sent seule. Toute l'attention est portée sur le petit. Les proches sont souvent très embêtés par la situation d'inquiétude au sujet de l'enfant et n'osent pas venir. De plus, la séparation n’est pas compensée par la présence physique du bébé. La mère se sent inutile voire gênante lorsqu'elle est auprès de son bébé.
  •  La dernier des sentiments dont nous parlerons ici est la culpabilité, culpabilité de n'avoir pas pu "tenir" jusqu’au terme de la grossesse, de n'avoir pas pu empêcher cet accouchement, de faire subir à l'enfant des moments si pénibles.

Pour le père

L'accouchement prématuré ne casse pas aussi violemment la construction de la fonction paternelle et, généralement, le père garde un rôle important.
Il est le lien entre le bébé et la maman : messager des petites nouvelles, de la photo instantanée du bébé, de vidéos, du tissu coloré que la maman a mis contre sa peau pour ensuite le poser près du bébé dans la couveuse.
Il va aussi jouer un rôle "d'initiateur". Il est souvent présent au moment du transfert du bébé et c’est lui qui détient les premières nouvelles. C'est lui qui va présenter à sa femme leur enfant ainsi que le personnel médical qui s'occupe de lui. Cette présence, à défaut de celle de la maman, s'étend sur une période variable allant de quelques heures à plus d'une semaine.
 
Pour ces deux parents en état de choc psychologique, les premiers moments suivant la naissance sont envahis par la préoccupation médicale. Pourtant, dans bien des cas, des mécanismes de défense se mettent très vite en place pour compenser cette expérience douloureuse.
La première rencontre entre papa, maman et bébé est très délicate et souvent très émouvante (on n'en doute pas), quant à l'accompagnement au jour le jour, cela se passe plus ou moins de la même façon pour tous.

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